Plus de 100 millions de personnes dans le monde utilisent des cigarettes électroniques, selon une nouvelle évaluation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), basée à Genève. En 2024, 1,2 milliard de personnes fumaient encore, un chiffre toutefois en baisse.
Dans un rapport publié lundi à Genève, l’OMS a rappelé que « l’épidémie du tabac est loin d’être terminée ». En près de 25 ans, le nombre de fumeurs a toutefois diminué d’environ 200 millions grâce aux mesures prises par plusieurs pays.
Mais les compagnies de tabac « sont passées à l’offensive avec de nouveaux produits nicotinés, ciblant agressivement les jeunes », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les autorités « doivent agir plus vite et plus fermement pour appliquer les politiques de lutte antitabac éprouvées », a-t-il ajouté.
« Le monde ne tiendra pas l’objectif de 2025 », qui visait une réduction de 30 % de la prévalence du tabagisme par rapport à 2010, a indiqué un responsable de l’OMS. La baisse au cours des 15 prochaines années devrait atteindre 27 % et, selon les projections, seulement 15 % en Suisse.
Avec plus de 7 millions de morts par an dus au tabac, plus de 60 pays devraient atteindre l’objectif, la plupart appliquant pleinement la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
Interdictions de vapotage dans certains pays
Selon le rapport, les jeunes sont neuf fois plus susceptibles de fumer que les adultes dans les pays ayant fourni des données. Au moins 15 millions d’adolescents utilisent des cigarettes électroniques, tandis qu’environ 40 millions d’entre eux fument. Le vapotage concerne 86 millions d’adultes, pour la plupart dans les pays riches.
Les cigarettes électroniques sont présentées comme un moyen de réduire les effets nocifs du tabac et d’aider à arrêter de fumer, mais en réalité elles ne font qu’habituer les jeunes à la nicotine plus tôt, souligne un responsable de l’OMS. Les progrès réalisés pourraient être remis en cause à cause du vapotage.
« Nous n’avons constaté aucune preuve que cela change » la consommation de tabac, a précisé l’un des auteurs du rapport. Certains pays ont décidé d’interdire la cigarette électronique.
L’Europe, région la plus touchée par le tabagisme
Globalement, davantage de femmes que d’hommes ont arrêté de fumer. Elles ont même atteint l’objectif de 2025 avec cinq ans d’avance. En 15 ans, le nombre de fumeuses est passé de 270 millions à 206 millions, soit une prévalence tombée de 11 % à un peu plus de 6 %.
Les hommes, en revanche, n’atteindront probablement pas l’objectif de 2025 avant 2031. Ils représentent plus de quatre fumeurs sur cinq, soit un peu moins d’un milliard de personnes. La prévalence a reculé de plus de 41 % à un peu moins de 33 %, un rythme jugé « trop lent » par l’OMS.
Par région, l’Europe est devenue celle avec la plus forte proportion de fumeurs, près d’un adulte sur quatre. L’Afrique enregistre la plus faible, avec 9,5 %.
L’OMS appelle à un durcissement des mesures contre les entreprises visant les jeunes, à une hausse de la fiscalité sur le tabac, à l’interdiction de la publicité (un domaine pour lequel la Suisse est régulièrement critiquée) et à une réglementation stricte des cigarettes électroniques. Dans les pays dotés de politiques fortes pour des espaces publics sans tabac, « les jeunes grandissent sans jamais voir quelqu’un fumer en public », a rappelé un auteur du rapport. Des millions de personnes supplémentaires doivent arrêter de fumer, conclut l’OMS.