Au deuxième trimestre, le régulateur suisse est intervenu sur le marché des changes avec l’opération la plus importante des trois dernières années, dépensant 5,06 milliards de francs suisses (6,4 milliards de dollars) pour l’achat de devises étrangères.
Officiellement, l’objectif de ces opérations est de freiner l’appréciation du franc, qui s’est renforcé entre avril et juin de 10 % face au dollar et de 2 % face à l’euro.
Cependant, le principal résultat a été un changement dans la structure des réserves : presque tous les achats ont concerné l’euro. En conséquence, la part de la monnaie unique a atteint 39 %, tandis que celle du dollar est tombée à 37 %, perdant pour la première fois depuis 2020 sa position dominante.
Ce mouvement marque de fait un virage discret dans la politique du régulateur suisse.
Dans un contexte de mesures tarifaires américaines initiées par Donald Trump, de hausse de la volatilité et de l’inscription de la Suisse sur la liste du Département du Trésor américain pour la surveillance des pratiques monétaires, Zurich fait désormais le pari de l’euro.
Les analystes qualifient cette évolution de signal systémique, mettant en doute le rôle traditionnel du dollar comme pilier incontesté du système financier mondial.
La déclaration conjointe de la Suisse et des États-Unis affirmant le « respect de la parité monétaire » paraît désormais moins convaincante, étant donné que le dollar a perdu son statut de principale devise dans l’une des plus grandes réserves européennes.